samedi 14 mars 2009

Tremblez, bonnes gens !

Tremblez, bonnes gens ! La peste brune est à nos portes ! Demain peut-être, les milices fascistes, tout droit sorties du ventre immonde encore fécond de la bête du Gévaudan viendront frapper à votre porte pour vous emmenez par-delà les mers et les montagnes jusqu'aux enfers ! Bref, si on écoute le journaliste qui commente d'un ton à la fois grave et méprisant, on se dit qu'on est mal barré.

Canal+ nous a sorti hier, vendredi 13, le jour de l'horreur et du film du même nom, un reportage au titre racoleur mais non dénué de référence. "Europe, ascenseur pour les fachos". De la Suède à l'Italie, de la France à la Hongrie, l'Europe va céder devant l'horrible vague fasciste. Ou presque. Ce qui est amusant, c'est que la montée de l'extrême-droite en Europe est un filon quasi-inépuisable depuis 20 ans pour tous les journaleux en mal de sensationnel. Depuis le temps que les hordes brunes sont sur le point de nous submerger, on devrait être au moins dans la situation de l'Allemagne en 1939. Et en fait, non. Les fascistes, décidément, se font attendre. Le come-back n'est pas pour demain.

Certes, ce reportage n'était pas totalement dénué d'intérêt, dans la mesure où on y constate que les Italiens et les Allemands sont nettement mieux organisés que leurs homologues Français ou Suédois. Question d'habitude, j'imagine. Et surtout, on y apprend que les droites autoritaires en Europe progressent sur le plan électoral. Ce qui permet au moins de conclure qu'une partie des populations européennes souhaitent librement voir des droites autoritaires au pouvoir. Ici, le démocrate de base ne manquera pas de prendre un air mi-sentencieux mi-horrifié pour déclarer que Hitler aussi est arrivé au pouvoir démocratiquement. Argument stupide avec lequel tout démocrate se tire une balle dans le pied : si la démocratie permet la mise en place légale de régimes autoritaires, c'est que les électeurs veulent ces régimes. Et c'est au mieux une preuve que la démocratie moderne est une belle connerie. Qu'on me permette d'enfoncer le clou : si certain régimes de droite autoritaire se sont installés légalement, aucun régime socialo-marxistes n'y est jamais arrivé - c'est toujours par la contrainte et la violence que le socialisme autoritaire s'est imposé. Ce qui permet de conclure que d'un point de vue démocratique, le fascisme a quand même l'avantage électoral sur le socialisme.

Ce reportage respecte scrupuleusement les règles du genre : il faut faire peur, culpabiliser, mais surtout pas expliquer. Parce qu'on en arriverait à la conclusion que si les droites autoritaires se redressent lentement, c'est peut-être à cause de cette Europe technocratique multiculturaliste, à cause de l'incurie crasse des dirigeants nationaux, à cause de l'immigration et de la substitution inexorable de population. Mais chut ! Pas de vagues ! Les fascistes existent parce que le mal doit bien s'incarner d'une façon ou d'une autre !

Seule la fin du reportage sort du lot : on y voit un "philosophe" expliquer que l'hégémonie de la gauche sur le plan intellectuel est terminé. Que le consensus établi en 1945 entre la gauche et la droite démocratique est définitivement mort. Bref, la brèche est ouverte. C'est peut-être enfin notre chance. Car le vrai danger qui nous menace, et qui pourrait bien avoir raison définitivement de l'Europe, ce n'est pas le retour du fascisme. C'est la submersion de l'Europe par des peuples allogènes sous la bannière de l'Islam. Faire peur avec les droites autoritaires est une fois de plus une manoeuvre de diversion médiatique. Mais il est bien possible que ça ne prenne plus. Après tout, chacun peut voir que ceux qui instaurent l'insécurité et la violence dans nos villes et bafouent jour après jour nos valeurs et notre civilisations ne défilent pas précisément sous la croix celtique ou la svastika. Tremblez, bonnes gens. Et priez pour que le jour où les ennemis viendront vous égorger comme de vulgaires moutons, il y ait encore des fascistes pour venir vous défendre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire