samedi 11 avril 2009

Courage individuel, lâcheté collective

Depuis quelques jours, la désormais célèbre vidéo d'une agression dans un bus de nuit agite les blogs, réacs ou pas. L'une des questions qui revient sans cesse sur le tapis est celle de la lâcheté. Lâcheté de la victime qui ne se défend même pas, lâcheté des témoins qui n'interviennent pas. Et chacun de commenter, de dire qu'il aurait fallu faire ceci ou celà, de dire que s'il avait été là, ça ne se serait pas passé comme ça, ah, ça non alors...

Facile de donner des leçons de bravoure le cul bien au chaud dans son fauteuil. La réalité est que face au risque physique, bien peu d'entre nous savent se révéler courageux. Regardons les choses en face : l'homme, par instinct de conservation, est naturellement porté à éviter toutes les situations dans lesquelles sont intégrité physique est menacée. Même si la menace est faible. De fait, rare sont les gens qui sont courageux physiquement. Par nature ou par manque d'entraînement, d'expérience. Il n'y a peut-être que 10% de la population qui soit en état de se battre physiquement avec une chance de victoire contre des agresseurs. C'est d'ailleurs ce qui, logiquement, permet aux agresseurs de sévir. Le courage individuel est une denrée rare, quelles que soient les circonstances.

Cependant, il est des manières de stimuler ou d'anéantir le courage individuel. N'importe quel pleutre, engagé dans une armée disciplinée, peut se révéler un combattant efficace. Car ce qui donne du courage à l'individu, c'est le groupe auquel il appartient. Logiquement encore, c'est pour celà que les voyous agissent en bande. Mais allons plus loin. Qu'est-ce qui fait qu'un individu sera tenté ou non de porter secours à une victime d'agression, c'est-à-dire à faire preuve de courage physique ? Le soutien moral de la société. Quand ce soutien disparaît, le courage individuel disparaît.

C'est précisément celà qui nous fait défaut. Le sens civique voudrait que les citoyens responsables s'interposent dans ce genre de situation. Mais le problème, c'est que le citoyen français de base n'est pas épaulé. Il ne peut pas compter sur l'État, qui lui donne tort et qui protège les délinquants. Il ne peut pas compter sur la police ni sur la justice, qui sont aux ordres des castes étatiques. Il ne peut pas compter sur les médias pour le défendre et le soutenir. Conséquence, le citoyen s'en fout. Il sait qu'il vaut mieux courber le dos plutôt que d'en prendre plein la gueule juste pour pouvoir se regarder dans la glace le lendemain. La nature humaine est ainsi faite que nous pouvons faire des arrangements avec notre conscience à l'infini. Et fatalement, le citoyen sait qu'il ne peut pas non plus compter sur les autres citoyens, qui eux-mêmes raisonnent comme lui.

Faute du soutien de la société et des institutions, le citoyen ne peut pas faire preuve de courage. Ou si peu. C'est humain. Les citoyens sont nombreux, mais ils sont seuls. Ils n'ont pas la confiance que peut insuffler la certitude d'appartenir à une communauté. En langage administratif, on dira que la hiérarchie ne les soutiendra pas. Alors qu'en face, la racaille se sent adossée à une communauté, qui les soutient quel que soient leurs torts. Quand bien même la racaille est punie, trop légèrement, par la justice, elle est assurée du soutien moral de sa communauté d'origine.

La preuve en est de ce déchaînement policier et médiatique sur le flic imprudent qui avait osé publier ces images. Le courage disparaît de nos sociétés parce que les élites sont lâches, et qu'elle ne supporte pas la moindre manifestation de cette vertu qui leur manque cruellement. Et elle ne se font jamais faute de punir celui qui agit selon la vertu plutôt que selon l'ordre républicain frelaté.

Voyez Montesquieu : la vertu est le ressort des républiques. Faut-il que la notre soit pourrie, pour en manquer à ce point !


1 commentaire:

  1. Bon papier.

    Je ne sais pas si le bolossage est soutenu par les communautés immigrées, mais je suis certain qu'il n'est pas puni.

    Cela dit, ça commence à se voir. Je veux dire, l'absence de soutien de l'état, le petit blanc seul face à l'adversité quand les autres marchent en bande.

    Il faut laisser les veaux aller à l'abattoir, comme ce pauvre petit gars au discours pré-digéré. Les autres doivent se prendre en main.

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