jeudi 9 avril 2009

Le Crépuscule des Vieux

Ils sont là, deux ou trois cent. Grisonnants, la soixantaine. Cinquante ans pour les plus jeunes. Ils sont mal habillés, avec des gueules tristes de fonctionnaires en pré-retraite. Ils portent tous des lunettes, signe non pas d'une trop longue étude des livres mais du vieillissement biologique de leur organisme. Beaucoup sont des femmes, dont on devine qu'elles ont renoncé à l'élégance il y a longtemps déjà. Avec le sérieux de ceux qui se croient investis d'une mission, ils se sont rassemblés sur les marches d'une mairie ou d'une préfecture. Ils viennent se constituer symboliquement - et symboliquement seulement, car le risque n'est pas leur fort - prisonniers. Ils s'accusent d'avoir aidé des immigrés clandestins. Ce sont les fers de lance de la lutte immigrationniste. Pathétique avant-garde dont le pouvoir de nuisance est cependant immense.

Face à eux, une petite trentaine de jeunes, des identitaires niçois, les apostrophe, les invective, crie des slogans. Ces jeunes, ils ne sont pas d'accord. Mais ils sont peu nombreux. Et entre eux et les vieux se dresse un cordon de police, qui défend les maîtres de l'heure. Les vieux.

Ces vieux égoïste et hédoniste, dont les chairs décaties et les forces déclinantes ne leur permettent plus que d'observer un silence étonné et indigné face à cette jeunesse. Ils s'enferment dans la tartufferie raide et vertueuse de ceux qui n'ont jamais vraiment douté. Comment l'auraient-ils pu ? Ils avaient 20 et quelques années en cette sinistre année 1968. Ils étaient trop jeunes pour connaître la dernière épreuve du feu de la France, la guerre d'Algérie. Leur monde était radieux. Toute leur jeunesse s'est déroulée dans un monde en pleine croissance, où le progrès semblait avoir enfin triomphé des forces du mal. Comment ne seraient-ils pas optimistes, ces vieux, ces baby-boomers devenus papy-boomers ?

Certes, eux aussi connaissent le sens du mot crise, et celui du mot chômage. Mais ce n'est pas la même chose d'affronter les premières difficultés de la vie lorsqu'on a passé 40 ans et déjà acheté son appartement que lorsqu'on sort à peine du collège. Génération d'optimistes béats, élevée dans le culte de l'aide au tiers-monde. Aujourd'hui, il leur paraît urgent d'aider le clandestin, l'autre lointain. Ils refusent de voir que depuis 30 ans, ils soignent toute la misère du monde grâce à une transfusion massive de sang européen dont la source va bientôt tarir.

Mais ils sont nombreux. Et face à la masse, on ne peut presque rien. L'Europe ne finira pas dans un Ragnarök héroïque, dans une conflagration finale au cours de laquelle 300 européens périront dans la bataille face à des millions d'allogènes basanés. Non. Il est plus probable que l'Europe finisse tranquillement, dans une maison de retraite où les derniers soins lui seront donnés par une aide-soignante marocaine, bien gentille derrière son voile, mais qui devra partir tôt, parce que 4 enfants, vous comprenez, c'est difficile.

Ce sont tous ces vieux qui dominent, par la force du nombre. Les places sont bonnes, et ils s'y accrocheront jusqu'au bout. Mais une civilisation de vieux est déjà morte, car elle a perdu son énergie. Tant qu'ils seront aux commandes, rien ne sera possible. Plus que n'importe qui au monde, ce sont nos ennemis. Génération qui n'a rien construit, qui n'a cessé de capituler en échange d'un confort qui périra avec eux. L'esprit de vieillesse souffle sur l'Europe. L'esprit d'immobilisme, de frilosité, de consensus. L'esprit de gens dont les préoccupations principales seront bientôt, si ce n'est déjà le cas, de réussir à soulager leur intestin au moins une fois par jour et de ne pas se casser le col du fémur en descendant l'escalier.

La vieillesse est bien plus souvent garante de sénilité que de sagesse. Et dans l'ombre, partout, les jeunes masses allogènes attendent leur heure. La seule question qui importe, c'est de savoir si le point de non-retour aura été franchi avant ou après la disparition des vieux.

La gérontologie est l'avenir de l'Europe. Jusqu'à quand ?

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